Musique:

Félix Wazekwa à appeler à philosopher avec l’album « Adamu na Eva »

Félix Wazekwa présentant son album aux journalistes

C’est depuis quelques semaines que les mélomanes congolais découvrent l’album « Adamu na Eva », le tout dernier du chanteur Félix Wazekwa et son groupe Cultur’A Pays Vie, dans les bacs depuis le 19 septembre 2013. L’opus vient après « Mémoire ya Nzambe » sorti en 2010 et le single consacré à la publicité de la bière Primus en 2011.

Comme à son habitude, les verbes, ces aphorismes qui caractérisent sa musique depuis le début de sa carrière, sont bien présents dans cette nouvelle œuvre de 10 chansons que l’artiste a produit tout seul. Mais en plus des verbes, l’artiste a ramené la conversation comme dans l’opus précédent, avec un icône de la rumba congolaise de l’école Odemba, le poète Lutumba Simaro, dans le titre éponyme « Adamu na Eva ». C’est un échange de sagesses de quelques minutes mais qui ramasse un flot des sujets allant de l’essence de l’existence sociologique de l’homme à des questions d’ordre politique et même économique. Pour l’artiste, tous les hommes sont issus d’Adam et Eve, les premiers êtres humains créés par Dieu, selon la Bible qui est le livre saint pour Wazekwa ; et d’ailleurs, l’un des dix morceaux de l’album est intitulé « Livre saint ». Ainsi, la haine entre les hommes n’a pas de raison d’exister parce que nous procédons tous de ces premiers parents. C’est ainsi par exemple que l’on peut prendre les reins d’une personne d’une autre race blanche ou jaune pour le greffer à celui d’un noir et il continuera à vivre.

Dans le dialogue-entretien philosophique avec son ainé Lutumba, Félix Wazekwa dit par exemple, que les érudits congolais recherchent dans leurs débats la raison alors qu’ils devraient s’atteler à la recherche de la vérité, et dans leurs débats dans les médias audiovisuels, ils ont du mal à tolérer des points de vue divergents et se disputent le temps de parole sans ménagement, malgré leur érudition. De ce fait, lui Félix Wazekwa n’a jamais vu un débatteur changer de point de vue en direct à la télé, reconnaissant que le discours de l’autre est vrai qu’il y adhère.

Dans la chanson « Nzoy », Félix Wazekwa table sur le respect des droits et libertés humaines, prenant l’exemple sur l’abeille qui quitte sa ruche pour piquer celui qui a tenté de le déranger alors qu’il fabrique du miel. Un autre chanson, « L’architecte » est dédié à un architecte nommé Siméon Musindondo ; l’artiste avait souligné une fois dans une intervention médiatique qu’il a dédié beaucoup des chansons aux voleurs et escrocs vivants en Europe, il était donc temps de dédier des morceaux aux personnes respectables qui gagnent honnêtement leur vies et qui viennent en aide aux musiciens. Dans le générique de l’album « On va vous appeler », le chanteur dit quelque part que l’on vante le développement, l’ordre, l’assistance sociale, les bienfaits de l’Occident, mais lorsqu’on se fait arrêter, l’Occident devient mauvais et que les Blancs sont de mauvaise foi !

Somme toute, Adamu na Eva avec d’autres titres comme « Boxeur KO », « Jeu de dames », etc., de celui qu’on appelle Monstre d’Amour, Mokwa Bongo… est littéralement un appel à philosopher sur des problématiques diverses allant de l’existentiel à la vie courante. Au niveau purement artistique, Wazekwa soutient avoir amélioré sa rumba. Il y a beaucoup de critiques des mélomanes qui indiquaient que l’artiste ne se concentrait que sur le générique, la partie dansante de la musique congolaise. L’on rappelle que l’artiste est le seul producteur de l’œuvre, étant le financier de tous les frais. A Paris, a-t-il dit, Adamu na Eva est distribué par Sonima Music. L’opus est distribué à Kinshasa, et à Brazzaville. La présente officielle de l’album est prévu en novembre, avec la participation de Lutumba Simaro s’il sera disponible et du guitariste Pitchou Concorde qui fait partie du groupe mais qui réside en France. Félix Wazekwa a annoncé une surprise qui viendra de Londres lors de cette soirée de présentation officielle.

Mais la question qui est posée, l’album a-t-il répondu aux attentes des mélomanes musicalement parlant?

Martin Eyimo/ Johnson Keto