Société: RDC: Journée ville morte : les fonctionnaires sous menaces de leurs hiérarchies
Alors que l’opposition politique, qui a appelé à la journée ville-morte en RDC, le mardi 16 février, estime que le bilan de cette opération était positif et que la majorité au pouvoir, qui note « l’apocalypse annoncé » par les opposants n’a pas eu lieu, une lecture neutre des évènements relèvent les à-côtés de la situation. Il s’agit notamment de la présence des fonctionnaires agents de l’Etat à leurs lieux de service sous surveillance de la hiérarchie.
Il est, en effet, relevé que Kinshasa et d’autres villes de la RDC ont effectivement connu une ambiance peu particulière le 16 février : les routes étaient désertes et les principales voies n’ont plus étaient garnies que par les bus Transco, la société publique de transport en commun. Les véhicules des particuliers voire les bus Esprit de vie ont été presqu’absents de ces artères et de leurs lignes habituelles.
La surveillance de la hiérarchie
Dans les ministères et autres services de l’Etat, les ministres et autres directeurs étaient, tôt le matin du 16 février, dans leurs bureaux, attendant des listes de présence de leurs collaborateurs. Ce qui a fait que ceux qui étaient présents à ces heures-là à leurs lieux de service ont, soit inscrit les noms de leurs collègues absents, soit encore, ils les ont carrément appelés pour venir écrire eux-mêmes leurs noms, afin de se soustraire à la punition promise aux absents par le ministre en charge du Travail, Willy Makiashi, qui avait, la veille, émis un communiqué pour dire que la journée était ouvrable. « Beaucoup se sont amené à leurs lieux de travail avec des tenues inhabituels, parce qu’ils étaient appelés en catastrophe », a expliqué un fonctionnaire qui avait assisté à cette scène.
Dans la grande majorité de ces bureaux de l’Etat, qui n’avaient pas l’air habituel parce qu’un peu désert, la hiérarchie a attendu jusqu’à une certaine heure, pour récupérer la liste de présence.
Mais, si certains fonctionnaires et agents de l’Etat se sont présentés à leurs postes d’attache, il n’en a pas été le cas pour des requérants, qui prennent d’assaut ces bureaux pour introduire les dossiers ou pour le suivi. Ils n’ont pas pris le risque de se présenter devant ces bureaux et le vide constaté dans les différents parkings a été plus que significatif.
La difficulté de transport
Après ces appels, dont les traces peuvent assurément se retrouver chez les opérateurs de téléphonie cellulaire, beaucoup de fonctionnaires et agents de l’Etat ont décidé de sortir et de rejoindre, malgré eux, leurs lieux de service. Mais, ils se sont buté à un obstacle majeur : il n’y avait pas de transport pour leur permettre de rejoindre ces lieux convoités. Ceux qui pouvaient faire le pied l’ont fait alors que d’autres, habitant des endroits éloignés de leurs lieux de service, ont carrément rebroussé chemin, à leur risque et péril, car ils sont pris pour absents, comme tous les autres qui ne se sont donné aucun effort pour rejoindre leurs lieux de service ou qui ont absolument répondu au mot d’ordre de l’opposition, en observant la journée ville morte.
Deux lectures opposées de la situation
De leur côté, les politiques ont observé cette journée selon le côté du prisme où ils se trouvent. Pendant que l’opposition parle de la réussite de ce qui peut être considéré comme un test des actions à mener dans les jours à venir, la Majorité présidentielle parle d’un « cinglant échec ». Alors que la Secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaïba Masudi, par exemple, affirme que la population a largement répondu à l’appel, malgré les pressions du pouvoir en place, le porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, félicite la population qui, selon lui, n’a pas répondu à cet appel.
Pour Eve Bazaiba, qui note que « le mot d’ordre de la ville-morte a été suivi partout à travers le pays, mais à différentes proportions à cause des pressions exercées par les autorités sur la population, à travers cette opération, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila a compris le message du peuple congolais, qui veut “l’alternance politique” et l’organisation des élections dans les meilleurs délais ».
Selon Lambert Mende, qui soutient que le Gouvernement n’a pas recouru aux menaces pour contraindre les fonctionnaires d’aller vers leurs lieux de service, dit se rendre compte que la population congolaise était mûre. « Elle ne s’est laissée prendre au piège de ces manipulateurs, dont la plupart justement sont les bourreaux des chrétiens du 16 février… », a-t-il déclaré à radiookapi.net.
Faut-il dire que le mot d’ordre de l’opposition a été suivi ou faut-il constater, avec la majorité, que cette action était un « cinglant échec » ? A chacun donc de faire sa lecture, selon le côté du prisme où il se trouve, selon les informations en sa possession ainsi que selon l’aspect qu’il veut donner à sa hiérarchie ou à ses partenaires.
Par Lucien Dianzenza (Top Africa Magazine)
MR JOHNSON KETO
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