Nigeria: 21 morts dans un attentat, mardi

La fête au Brésil, la terreur au Nigéria le 18 juin 2014, par Tony D. Alors que le Nigéria dispute la Coupe du monde au Brésil, le pays est plongé pendant ce temps dans la terreur. Un attentat a fait 21 morts pendant la retransmission d’un match.

Lundi à Curitiba, le Nigéria concédait le nul 0-0 face à l’Iran pour son premier match de Coupe du monde. Le lendemain, c’est tout un peuple, un peu déçu par le résultat de leur « Super Eagles », qui regardait les Brésiliens affronter le Mexique dans un stade en fusion, complètement coloré de maillots et t-shirts jaunes. Devant les arrêts de Guillermo Ochoa, les fans de Neymar et Thiago Silva criaient leur désespoir de ne pas voir leur équipe l’emporter. Pendant ce temps, à Damaturu, des cris retentissaient aussi pendant le match. Mais pas pour les mêmes raisons. Dans cette ville du nord-est du Nigéria, une bombe explosait dans un « centre de visionnage », faisant 21 morts et 27 blessés. Une attaque attribuée à la secte islamiste Boko Haram, dont l’instauration de la charia sur l’ensemble du territoire nigérian est la principale revendication. Ce groupe armé retient 200 lycéennes en otage depuis plus de deux mois.

Le football, cette « perversion »

Ce n’est pas la première fois qu’une telle tragédie a lieu. Le 1er juin, au moins 40 personnes ont été tuées par une bombe qui avait explosé au milieu d’un stade à Mubi. En mai, c’est trois personnes qui ont perdu la vie dans un attentat à Jos, pendant la retransmission d’un match du Real Madrid. En avril 2012, des hommes armés ont assassiné deux supporteurs de football dans un « centre de visionnage » de Potiskum, quelques jours après la diffusion de tracts dans lesquels Boko Haram demandait la fermeture de tels centres et appelait la population à ne pas les fréquenter. Dans de nombreuses vidéos, le chef Abubakar Shekau, a décrit le football et la musique comme des perversions venues d’Occident dans le but de dévier les musulmans de la religion. À la suite de ces attaques, deux états du Nord du pays avaient interdit les rassemblements collectifs devant un écran pour visionner les matches, et ce afin d’éviter de telles tragédies. Ce qui n’a malheureusement pas pu l’être.

Encore trois semaines de terreur

On s’interroge sur la suite du Mondial au Brésil, alors qu’il reste encore plus de trois semaines de compétition et autant de risque de nouvel attentat. La Coupe du monde ne doit pas s’arrêter. Mais doit-on pour autant fermer les yeux ? Pendant que le peuple nigérian vit cette fête planétaire dans la terreur, que va faire son équipe nationale ? On n’ose imaginer la répercussion, différente, d’une telle tragédie, si elle avait eu lieu dans un pays européen ou américain. Nul ne doute que l’émoi aurait été plus grand auprès de la FIFA et sur la compétition. Mais dans l’indifférence – ou presque – le Nigéria va continuer sa Coupe du monde. On en viendrait presque à souhaiter que les Super Eagles soient éliminés au premier tour, afin de limiter l’attention du pays sur cette Coupe du monde que toute la planète regarde avec envie, et ainsi diminuer les risques d’attentats.

Fin avril, Michel Platini demandait à la population brésilienne mécontente de faire une « trêve » pendant la Coupe du monde, pour ne pas perturber le bon déroulement de l’épreuve et gâcher la fête. Les événements au Nigéria, à quelques milliers de kilomètres du Brésil, paraissent peut-être secondaires pour Blatter, Platini et consorts. Bien sûr, ce ne sont pas eux qui pourront agir directement sur la situation et régler le problème d’un claquement de doigt. Mais cette tragédie est liée d’une certaine manière à la Coupe du monde. Alors, messieurs, s’il vous plait, ne restez pas indifférents.

MR JOHNSON KETO
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