Enjeux politiques en RDC

Une frange de l’Opposition régionalisée prête pour les Concertations nationales

Léon Kengo Wa Dondo, président du sénat

Assemblée nationale: majorité-opposition

Les Concertations nationales convoquées par le président de la République à travers l’Ordonnance créant ce forum national sont annoncés pour très bientôt selon l’annonce faite par le présidium constitué du président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku et celui du Sénat Léon Kengo wa Dondo. Alors que la tenue de ses assises est imminente, les points de vue sont très divergentes et même se radicalisent au sein de l’Opposition politique également invitée à y prendre une part active.

Vital Kamerhe, président de l’Unc

Une frange de cette tendance politique nationale a pris l’option de ne pas y siéger ; c’est le cas de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi qui a réfuté, dès le départ, l’idée des Concertations nationales, durcissant sa position. Ce parti phare de l’Opposition a été rejoint par l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe après la tenue du Conclave de l’Opposition, qui a toutefois exigé le respect de l’accord d’Addis-Abeba et de la résolution 2098 des Nations Unies.  Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui avait aussi décliné sa participation à ce forum après l’organisation de son symposium, est finalement revenu sur sa décision après la visite effectuée par le secrétaire générale du parti Thomas Luhaka au Présidium des Concertations composé de Kengo wa Dondo et Aubin Minaku. « Nous avons noté des avancées significatives lors de l’entretien avec le présidium », a déclaré Thomas Luhaka. Le MLP de Franck Diongo n’est pas aussi partie prenante, ainsi que d’autres composantes de l’Opposition.

Thomas Luhaka, Sécretaire général de Mlc     Joseph Olengha Nkoy, president du Fonus

Mais un autre groupe de l’Opposition a accepté de participer aux Concertations nationales. Ce groupe de partis politiques a organisé un deuxième conclave de l’Opposition. Et selon des rumeurs persistantes, ces assises organisées dans la salle des conférences de l’église Fatima dans la commune de Gombe à Kinshasa auraient été financées par Léon Kengo, président du Sénat et autorité morale de l’UFC se réclamant de l’Opposition. « Ce conclave de l’Opposition a fort ressemblé à un dialogue des leaders politiques de la province de l’Equateur avec quatre cadors de cette partie du pays, comme Lisanga Bonganga, Ewanga, José Makila et Bongongo qui ont conduit le débat », fait remarquer un politicien qui a requis l’anonymat. La même source révèle que ce groupe de politiciens se réclamant de l’Opposition a été reçu par le président du Sénat juste avant l’élection de Louis Léonce Koyagialo comme gouverneur de la province de l’Equateur. Ensuite, les politiciens et dignitaires de l’Equateur aussi bien de l’Opposition que de la Majorité se sont retrouvés pour honorer Koyagiala après son élection. Ce groupe, souffle-t-on, a été reçu par le président du Sénat.

A la suite de la mise en place du Secrétariat technique des Concertations nationales, Léon Kengo wa Dondo a conféré avec la partie de l’Opposition favorable à la participation aux Concertations nationales après son retour de Brazzaville où il a été consulté le président Denis Sassou Nguesso, en compagnie du président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku. Et Kengo aurait laissé entendre au cours de cette réunion -où l’on a visiblement empêché que des questions lui soient posées par l’assistance- qu’un gouvernement sera issu des Concertations politiques.

L’évolution de la situation au sein de l’Opposition prenne des allures inquiétantes pour certains groupements politiques de l’Opposition qui croyaient à ces Concertations nationales. Leurs états-majors multiplient des rencontres afin de réfléchir sur cette donne. Déjà la mise en place unilatérale du Secrétariat technique des Concertations national par le Présidium n’a pas été acceptée par ces partis politiques de l’Opposition de plus en plus réticents sur la tenue des Concertations nationales.

Tenez, le parti politique Forces novatrices pour l’Union et la Solidarité (FONUS) de Joseph Olenghankoy avait été le premier à proposer la mise sur pied d’une Commission tripartite et préparatoire des Concertations nationales, composée de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile. Son point de vue a été rallié par le MLC et aussi les partis politiques qui ont organisé le premier conclave de l’Opposition dans la commune de Limete comme l’UNC, et aussi le MLC. Les FONUS redoutent déjà le flop des Concertations nationales à l’allure où vont les choses au sein de l’Opposition. « Nous avons été de bonne foi en acceptant l’idée des Concertations nationales où l’on devrait aborder toutes les questions qui bloquent le pays sur le plan politique, social, sécuritaire. La question de la légitimité du pouvoir devrait y être traitée. Mais l’on constate que cette Opposition se laisse miner. Et aujourd’hui, l’on assiste à un dialogue régional en son sein avec les leaders politiques de l’Equateur avec à sa tête le président de l’UFC, Kengo wa Dondo », a indiqué Kalala Mutond, cadre de cette formation politique. Et de continuer : « L’on constate que la réunion de l’Opposition ressemble plus à un dialogue régional et nous ne sommes pas du tout prêts à accompagner un groupe de personnes qui ne parle plus de la question congolaise, mais plutôt de leurs problèmes spécifiques provinciaux. L’on attend voir où toute cela va aboutir ».

L’on attend voir l’évolution de cette situation qui visiblement fragilise et disperse l’Opposition politique.

Enyimo